Whipping Girl - Inclinations intrinsèques : expliquer la diversité de genre et de sexualité

Traduction 12 juil. 2022

Source : (trouvable sur les internets mondiaux)

Autrice : Julia Serano

Traducteurice : Maddykitty

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Whipping Girl, par Julia Serano

Le passage suivant est extrait du livre de Julia Serano, Whipping Girl, aux éditions Seal Press : “Chapter 6 : Intrinsic Inclinations: Explaining Gender and Sexual Diversity”.

Whipping Girl
“A foundational text for anyone hoping to understand transgender politics and culture in the U.S. today.” —NPRNamed as one of 100 Best Non-...

Dans le chapitre précédent, j'ai établi que reconnaitre le sexe inconscient comme étant séparé du sexe physique est crucial pour obtenir une meilleure compréhension de la transsexualité et des discriminations anti-trans. Il y a au moins un autre aspect du genre que nous devons aborder avant de pouvoir discuter de l'ensemble du spectre du genre et de la diversité sexuelle : l'expression de genre, qui renvoie tout à la fois à la façon dont notre présentation, nos comportements et nos attractions sont considérées comme féminines, masculines, ou une combinaison des deux.[1]

L'expression de genre est régulièrement confondue avec le sexe inconscient et l'orientation sexuelle. Par exemple, on estimera souvent que les personnes transsexuelles effectuent une transition non pas pour faire concorder nos sexes physique et inconscient, mais parce que nous voulons exprimer ou notre féminité ou notre masculinité. De la même manière, il est courant que certaines personnes soient prises par erreur pour des lesbiennes ou des hommes gays, parce qu'elles sont ou masculines en tant que femmes, ou féminines en tant qu'hommes. Contrairement à notre orientation sexuelle et notre sexe inconcient, qui sont généralement invisibles au reste du monde, notre expression de genre est visible. C'est ce qui en fait peut-être l'aspect le plus largement commenté, critiqué et réglementé du genre.

En effet, le fait que l'expression de genre soit si fortement régulée dans notre société a mené à ce qu'on estime que la féminité et la masculinité sont de simples constructions sociales (c'est-à-dire qu'elles ne seraient pas naturelles, mais plutôt des inventions ou des artefacts de la culture humaine). Selon ce modèle constructiviste social, les garçons sont socialisés pour devenir masculins et les filles féminines ; nous apprenons à produire ces expressions de genre via une combinaison de renforcements positifs et négatifs, et par l'imitation, la pratique et la performance. Les constructivistes sociaux soulignent le fait que les mots “féminité” et “masculinité” ne décrivent pas simplement des comportements humains, mais représentent des modèles que tout le monde est encouragé à atteindre. Pour le démontrer, ils concentrent une grande partie de leur attention sur les manifestations socialement influencées de l'expression de genre (souvent appelée rôle genré), ce qui inclut les différences de langage, le choix des mots, les manières, le rôle dans les relations, le style vestimentaire, les préférences esthétiques, les intérêts, les occupations, etc. Ils soutiennent également que le fait que ces rôles genrés puissent varier dans le temps, et d'une culture à l'autre, est une preuve de leur nature construite.

De l'autre côté du débat, les essentialistes du genre croient que les personnes nées hommes sont simplement prédéterminées à agir de manière masculine, et que les personnes nées femmes sont prédéterminées à agir de manière féminine. Pour prouver leurs dires, ils incluent la prédominance de la féminité chez les femmes et de la masculinité chez les hommes, dans notre culture ainsi que dans d'autres cultures ; le fait que les filles sont amenées à se comporter de manière féminine et les garçons de manière masculine très tôt ; même aux âges préhistoriques, les femmes et les hommes semblaient s'organiser autour de tâches différentes ; et d'autres espèces que les humains montrent aussi les signes d'un comportement de genre dimorphique. Les essentialistes supposent généralement que les différences génétiques (ainsi qu'anatomiques et hormonales) entre les femmes et les hommes sont la source ultime de ces différences de comportement. Malgré leur insistance, ces liens directs entre des gènes spécifiques et des comportements sexués spécifiques chez l'humain restent incertains.

Étant à la fois généticienne et ayant fait l'expérience de la différence de traitement entre femmes et hommes dans notre société, je crois que les deux camps ont tort (ou tout du moins, ils n'ont que partiellement raison). La faille principale des arguments des essentialistes se trouve dans le fait évident que tous les hommes ne sont pas masculins et que toutes les femmes ne sont pas féminines. Il y a des expressions de genre exceptionnelles : il y a des femmes masculines, des hommes féminins et des personnes des deux sexes qui expriment des combinaisons de féminité et de masculinité. Ces personnes dont l'expression de genre est exceptionnelle (comme les personnes avec un sexe inconscient et une orientation sexuelle exceptionnelles) existent dans pratiquement toutes les cultures et à travers l'histoire, ce qui suggère qu'elles représentent un phénomène naturel. Les essentialistes tentent souvent de rejeter ces exceptions comme des anomalies, le résultat d'erreurs biologiques ou de défauts de développement. Cependant, les expressions de genre, le sexe inconscient et les orientations sexuelles exceptionnelles se produisent à des fréquences qui sont bien plus élevées que ce à quoi on s'attendrait si elles représentaient des “erreurs” génétiques.[2] De plus, le fait que nous encouragions les garçons à être masculins, et les rejetions et les ridiculisions lorsqu'ils agissent de manière féminine (et inversement pour les filles), suggère fortement que, sans la socialisation, ces expressions de genre exceptionnelles seraient bien plus nombreuses qu'elles ne le sont.

Malheureusement, un modèle constructiviste strict ne rend pas mieux compte de ces expressions de genre exceptionnelles. De nombreuses filles masculines et de nombreux garçons féminins montrent les signes d'un tel comportement à un âge précoce (bien souvent avant qu'iels n'aient eu le temps d'acquérir les normes de genre), et continuent généralement à exprimer ces comportements à l'âge adulte (malgré la pression sociale intense qu'on place sur les individus pour reproduire les expressions de genre appropriées à leur sexe assigné). Cela suggère fortement que certaines expressions de féminité et de masculinité représentent des inclinations profondes, inconscientes, d'une manière similaire aux tendances de l'orientation sexuelle ou du sexe inconscient. (J'utilise le mot inclination comme une expression fourre-tout pour décrire tout désir, affinité ou besoin persistant qui nous prédispose à des expressions et expériences sexuelles et de genre particulières.) Si je crois que de telles inclinations sont probablement ancrées dans nos cerveaux (car elles existent à un niveau inconscient et restent souvent constantes tout au long de nos vies), j'hésite à les définir comme un phénomène purement biologique, puisque les facteurs sociaux jouent clairement un rôle important dans la façon dont les individus interprètent de telles inclinations. En fait, dans la plupart des cas, il est impossible de distinguer nos inclinations de notre socialisation, puisqu'elles nous mènent dans la même direction. Généralement, nous ne remarquons ces inclinations que lorsqu'elles sont exceptionnelles, lorsqu'elles dévient des normes biologiques et sociales.

On trouve chez d'autres espèces les preuves que les inclinations genrées représentent des phénomènes naturels. Si on examine un large éventail de mammifères et d'oiseaux (ceux dont le genre et les expressions sexuelles ne sont vraisemblablement pas formés par des constructions sociales à la mesure des humains), on peut généralement trouver certains comportements et affinités qui semblent prédominer dans un sexe, mais qui se produisent également à des fréquences plus faibles, mais substantielles dans l'autre sexe.[3] Ainsi, tout modèle qui tente d'expliquer l'expression de genre chez l'humain, l'orientation sexuelle et le sexe inconscient, doit tenir compte du fait que les formes typiques et exceptionnelles de ces inclinations se produisent naturellement (sans influence sociale) à des degrés divers.

Dans le but de clarifier cette question, j'aimerais proposer ce que j'appelle un modèle d'inclination intrinsèque pour expliquer les variations sexuelles et de genre chez l'humain. Voici les principes de base de ce modèle :

  1. Le sexe inconscient, l'expression de genre et l'orientation sexuelle représentent des inclinations de genre différentes, qui sont largement déterminées de façon indépendante les unes des autres.
  2. Ces inclinations de genre sont, à un certain niveau, intrinsèques à nos personnes, puisqu'elles se manifestent à un niveau profond et inconscient et restent généralement intactes, malgré les influences sociales et les tentatives conscientes de les purger, les réprimer ou les ignorer.
  3. Puisqu'aucun facteur génétique, anatomique, hormonal, environnemental ou psychologique n'a jamais pu être trouvé pour causer directement ces inclinations, nous pouvons supposer qu'il s'agit de traits quantitatifs (c'est-à-dire que de multiples facteurs les déterminent par le biais d'interactions complexes). Par conséquent, plutôt que de produire des classes discrètes (comme la féminité et la masculinité ; l'attirance pour les femmes ou les hommes), chaque inclination présente une gamme continue de résultats possibles.
  4. Chacune de ces inclinations est en corrélation approximative avec le sexe physique, ce qui donne lieu à un modèle de distribution bimodale (c'est-à-dire deux courbes en cloche qui se chevauchent) similaire à celui observé pour d'autres différences genrées, comme la taille.[4] S'il est vrai que, en moyenne, les hommes sont plus grands que les femmes, une telle affirmation n'a pratiquement plus aucun sens lorsqu'on examine les individus, car une femme donnée peut être plus grande qu'un homme donné. La plupart des gens ont des tailles relativement proches de la moyenne, quand d'autres en sont éloignés (par exemple, certaines femmes mesurent 1m90 et certains hommes 1m60). De la même manière, si les femmes sont en moyenne plus féminines que les hommes, certaines femmes sont plus masculines que certains hommes, et certains hommes plus féminins que certaines femmes.

Étant donné que ces inclinations semblent avoir de multiples apports et présentent une palette continue de résultats, il est incorrect de supposer que les personnes dont l'orientation sexuelle, le sexe inconscient ou l'expression de genre est exceptionnelle représentent des erreurs biologiques, environnementales ou de développement. Il s'agit plutôt d'exemples de variation humaine.

Réconcilier les tendances naturelles avec les constructions sociales

La beauté du modèle des inclinations intrinsèques, c'est qu'il peut expliquer simultanément pourquoi certaines personnes semblent avoir un genre typique (le fait que la plupart des hommes en viennent à s'identifier comme des hommes, à agir de façon masculine et à être attirés par les femmes, et inversement pour les femmes) et tenir compte de la vaste diversité de genres et de sexualités qui existent dans le monde. Il explique pourquoi les hommes gays et les lesbiennes peuvent être butchs, femmes ou androgynes ; pourquoi les filles masculines peuvent grandir et devenir lesbiennes, hommes trans ou femmes hétérosexuelles ; et pourquoi les femmes trans peuvent être bisexuelles, hétérosexuelles ou lesbiennes.

En plus de la variation qui existe à l'intérieur de ces trois inclinations de genre, il y a une diversité du sexe physique lui-même. Le sexe physique peut être également divisé en de multiples caractéristiques séparables : le sexe chromosomique (XX et XY), le sexe gonadique (ovaires et testicules), le sexe génital (clitoris, vagin et pénis), le sexe hormonal (oestrogènes et androgènes) et une multitude de caractères sexuels secondaires (comme le développement de la poitrine chez les femmes, la pousse de barbe chez les hommes, etc.). Et alors que nous aimons à penser que les femmes et les hommes constituent des catégories distinctes et mutuellement exclusives, environ 2 personnes sur 100 naissent intersexuées.[5]

Il existe donc une grande quantité de variations sexuelles et genrées qui existent naturellement dans le monde. Mais comment donner du sens à tout ça ? C'est là que la construction sociale intervient. Si les variations dans nos caractéristiques sexuelles et inclinations de genre peuvent se produire naturellement, la façon dont nous les interprétons, et les identités et les significations que nous leur associons, peuvent varier d'une culture à l'autre. Dans notre société, ce que veulent dire être une femme ou un homme, les symboles, les coutumes, les attentes, les restrictions et les privilèges associés à ces classes, sont très différents de ce qu'ils ont pu être il y a 50 ans. C'est vrai autant pour les inclinations de genre typiques que pour celles qui sont exceptionnelles. Par exemple, aujourd'hui, je peux m'identifier comme femme, comme gouine, comme transsexuelle et transgenre. Pour moi, chacune de ces identités représente un aspect légèrement différent de mon genre et de ma sexualité. Cependant, si j'étais née un demi-siècle plus tôt, avant que ces étiquettes ne soient communément utilisées ou même n'existent, il m'aurait été difficile de m'identifier comme je le fais maintenant. Peut-être que mon sexe inconscient de femme m'aurait conduit à tenter de passer et de vivre en tant que femme, comme les personnes trans le faisaient souvent avant que les moyens médicaux de transition ne soient largement disponibles. Ou peut-être aurais-je pris part au milieu clandestin homosexuel, qui regroupait des gens qui seraient probablement considérés aujourd'hui comme lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. Ou peut-être que, ignorant l'existence de personnes de genres différents, je serais restée cachée, faute d'alternative évidente.

De plus, si j'étais née dans un autre pays, j'aurais sans doute développé une identité transgenre très différente. Parmi les exemples de personnes transgenres sur le spectre MtF/transféminin, citons les hijras indiens, les transvesties brésiliennes, les katoeys thailandais, ainsi que les berdaches natifs américains, ou les personnes qui s'apparentent à la bispiritualité.[6] Ces identités transgenres différent non seulement par leur nom, mais aussi par leurs pratiques, leurs coutumes et leurs rôles sociaux. Les différences entre ces groupes s'expliquent en partie par le fait que leurs cultures mettent davantage l'accent sur certaines inclinations de genre que sur d'autres. Dans certaines cultures, l'expression de genre d'une personne joue un plus grand rôle que dans les genres déterminés que nous connaissons aux États-Unis d'Amérique. D'autres cultures semblent accorder plus d'importance au fait que la personne en question ait des relations sexuelles avec des femmes ou des hommes. Dans notre culture, nous divisons les individus en deux groupes, femmes et hommes, pratiquement exclusivement sur la base de leur sexe physique. Bien sûr, de nombreuses caractéristiques physiques sexuelles ne nous sont pas accessibles directement, donc il est plus correct de dire que nous avons tendance à nous fier exclusivement au sexe génital pour déterminer le sexe d'une personne à la naissance, son assignation. Avec les enfants, nous nous fions à l'expression et le rôle genré. Avec les adultes, nous nous fions principalement aux caractères sexuels secondaires.

Le fait que nous percevions deux catégories principales de genre nous permet de voir les femmes et les hommes comme “opposés”. Cette prémisse est fondée sur une suite d'hypothèses manifestement incorrectes. Premièrement, pour penser les deux sexes comme “opposés”, ils doivent être mutuellement exclusifs. Par conséquent, au niveau social, nous ignorons volontairement la variété de caractères sexuels qui existe, et nous créons l'illusion qu'il n'y a absolument aucune superposition entre les sexes physiques. Deuxièmement, nous ignorons la réalité selon laquelle les inclinations intrinsèques produisent une gamme continue de possibilités, et préférons à la place supposer que chaque inclination produit seulement un des deux résultats possibles, à l'image des deux sexes. Ainsi, nous supposons qu'il est seulement possible d'être attiré par les femmes ou par les hommes (non par les deux), qu'on peut être ou féminine ou masculin, et qu'on ne peut s'identifier qu'en tant que femme ou en tant qu'homme (et non les deux). En dernière hypothèse, nous supposons que l'inclination typique de chaque sexe est vraie pour toutes les personnes de ce sexe. Ainsi, les personnes de sexe féminin doivent être féminines, être attirées par les hommes et s'identifier en tant que femme (et vice versa pour les personnes de sexe masculin).

L'idée même qu'il y ait des sexes opposés polarise de façon inutile les femmes et les hommes ; elle nous isole les uns des autres et exagère nos différences. Elle fournit le cadre qui nous permet de projeter d'autres paires opposées sur la femme et l'homme (et la féminité et la masculinité). Ainsi, nous supposons que les hommes sont agressifs et les femmes passives, que les hommes sont forts et les femmes faibles, les hommes réalistes et les femmes émotives, les hommes grands et les femmes petites, etc. En tant que culture, nous souscrivons régulièrement à cette idée, malgré le fait qu'il existe de nombreuses exceptions qui invalident ces hypothèses : des femmes agressives, fortes, réalistes et/ou grandes, et des hommes passifs, faibles, émotifs et/ou petits. Cette idée d'opposition crée des attentes quant au fait d'être une femme féminine et un homme masculin. Nous sommes encouragé·es à nous y conformer, et dans le même temps refuser tous les comportements qui ne collent pas à ces modèles. Par exemple, on fait régulièrement des commentaires sur les femmes agressives, tandis que les actes d'agression chez les hommes sont rarement commentés (car l'agressivité fait partie de notre conception de la masculinité et du fait d'être un homme). De même, on fait souvent grand cas des hommes qui pleurent en public, mais pas des femmes qui font la même chose (car l'expression de nos émotions fait partie de notre conception de la féminité et du fait d'être une femme). Parfois, ces comportements exceptionnels sont encore rejetés comme illégitimes et contre-nature par l'utilisation d'insultes genrées (par exemple, une femme agressive peut être traitée de “garce”. Un homme émotif peut être traité de “mauviette” ou de “femmelette”).

De nombreuxses opposant·es à cette conception du genre la qualifient de système de genre binaire, ce qui impliquerait que sa nature problématique découle principalement du fait qu'elle ne comporte que deux classes : les hommes et les femmes. Pour ma part, je ne pense pas qu'il y ait nécessairement un mal à reconnaître qu'il existe deux grandes catégories de sexe, pour autant que nous réalisions que ces catégories ne sont ni distinctes ni mutuellement exclusives, et que nous respections le fait que de nombreuses personnes ont des caractéristiques sexuelles et des inclinations de genre exceptionnelles. En fait, en tant que personne trans, ayant passé la majeure partie de ma vie à lutter contre la dissonance de genre, je n'ai pas le privilège que d'autres ont de pouvoir présumer que le fait que je sois une femme ou un homme est entièrement insignifiant, superficiel et sans importance. J'ai découvert que mon sexe physique, et la relation à mon sexe inconscient, est d'une importance incommensurable pour moi.

Je dirais que le principal problème du système de genre binaire, ce n'est pas qu'il soit binaire (puisque les caractères sexuels physiques et les inclinations de genre semblent être de nature bimodale) mais plutôt qu'il facilite la croyance naïve et oppressive que les femmes et les hommes sont “opposés”. Parce que cette idée crée des préjugés et des stéréotypes qui s'appliquent différemment selon le sexe, j'appellerai cette conception du genre sexisme oppositionnel.

Non seulement le sexisme oppositionnel forme le cadre qui favorise l'enracinement du sexisme traditionnel (l'idée qu'être un homme masculin est supérieur au fait d'être une femme féminine), mais il marginalise celleux dont les caractéristiques genrées et sexuelles sont exceptionnelles. Il y parvient, en partie, en invalidant nos inclinations naturelles de genre et nos caractères sexuels :

  • L'attirance d'un homme pour d'autres hommes n'est pas considérée comme aussi légitime que celle d'une femme hétérosexuelle.
  • L'identité d'un homme trans est considérée comme moins légitime que celle d'un homme cissexuel.
  • La féminité d'une personne physiquement masculine n'est pas considérée comme aussi authentique que celle d'une femme cisgenre.
  • Et les corps intersexués ne sont pas considérés comme aussi naturels que les corps non-intersexes femme et homme.

Si le sexisme oppositionnel délégitimise les genres et les traits sexuels exceptionnels, il crée également de l'hostilité et de la peur à l'égard des personnes qui les manifestent. Par exemple, le fait que je sois lesbienne ou transsexuelle ne devrait pas avoir d'incidence sur le genre ou la sexualité d'autrui (après tout, les inclinations de genre ne sont pas contagieuses). Cependant, les personnes qui n'ont aucun regard critique sur leur propre orientation sexuelle, leur sexe inconscient et/ou leur expression de genre, et qui, par conséquent, tirent leur propre identité de suppositions sur l'opposition des genres, peuvent avoir le sentiment que leur sexualité et leur genre sont menacés par mon existence. Après tout, si vous pensez qu'une femme est définie comme quelqu'un qui n'est ni un homme, ni masculine, ni attirée par les femmes, et qu'un homme est défini comme quelqu'un qui n'est pas une femme, ou féminin, ou attiré par les hommes, alors le fait que j'aie changé de sexe, ou que je suis une femme attirée par d'autres femmes, semblera remettre en question de façon inévitable le genre et la sexualité d'autrui. Parce que mon statut de lesbienne et trans semble brouiller le sens même de “femme”, d'autres femmes auront l'impression que, d'une certaine façon, je cherche à ébranler leur propre sens de l'appartenance aux femmes, tandis que certains hommes pourraient craindre que le fait d'être attiré par moi ébranlerait leur appartenance aux hommes. Ainsi, dans un sens, la notion de “sexes opposés” entrelace nos genres et nos sexualités ensemble.

Cette interconnexion des genres aide à comprendre pourquoi on nous pousse à modifier nos propres comportements pour mieux nous inscrire dans les normes de genre, et pourquoi nous nous efforçons d'encourager les comportements appropriés (et de décourager ceux qui sont inappropriés) chez les autres. Les commentaires sans fin que nous faisons sur les présentations, les identités et les comportements genrés d'autrui créent une atmosphère dans laquelle de nombreuses personnes au comportement sexuel et de genre exceptionnel ont l'impression de devoir rester dans l'ombre (NdT : au placard). Les personnes ayant des inclinations et des caractéristiques sexuelles typiques sont également gênées et sur leurs gardes, car leur genre peut être remis en question à tout moment. Ainsi, le sexisme oppositionnel exacerbe l'anxiété de genre pour l'ensemble de la société, et constitue un facteur majeur responsable des préjudices et des discriminations à l'encontre des minorités sexuelles.

Malheureusement, la méthode la plus courante que préconisent les personnes aux traits sexuels et de genres exceptionnels consiste à contrer la discrimination en neutralisant l'importance de ces traits, tout en mettant l'accent sur la manière dont elles défendent par ailleurs des modèles sexistes oppositionnels. Par exemple, de nombreuses personnes attirées par des personnes de leur propre sexe ont tenté de convaincre la majorité hétérosexuelle que “nous sommes comme vous, sauf en ce qui concerne notre orientation sexuelle”. Ce qui, bien entendu, minimise le fait que de nombreuses personnes qui s'identifient comme bisexuelles, gays ou lesbiennes ont également des expressions de genre, des caractères sexuels et/ou un sexe inconscient exceptionnels. Dans le même temps, de nombreuses personnes dans la communauté transgenre ont essayé de neutraliser leurs caractéristiques de genre exceptionnelles en soulignant leur hétérosexualité : certaines personnes transsexuelles insistent sur le fait que leur but est de devenir des femmes ou des hommes “normaux” (donc hétérosexuel·les, avec une expression de genre appropriée) ; et les hommes travestis insistent parfois sur le fait qu'ils s'identifient comme des hommes et sont attirés par des femmes (donc ayant un sexe inconscient et une orientation sexuelle “normales”).

Le problème évident de ces approches, c'est qu'elles marginalisent les personnes qui présentent des genres et des traits sexuels exceptionnels. Et leur succès limité est en définitive dû au fait qu'elles tentent de soigner le symptôme (homophobie, transphobie, etc.) au lieu de s'attaquer à la source du problème (sexisme oppositionnel). Après tout, la raison pour laquelle le grand public confond les personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenres et intersexes, c'est qu'à leurs yeux nous représentons la même chose. Nous sommes souvent toustes regroupé·es sous le terme “queer”, c'est-à-dire des exceptions qui remettent en cause les idées reçues sur le genre. Par conséquent, s'il est important d'éduquer les gens sur les distinctions entre les différentes inclinations de genre et les caractères sexuels, et les identités, problèmes et défis uniques auxquels chaque groupe minoritaire fait face en raison de ces différences, il est également important de s'unir pour déconstruire le mythe selon lequel les femmes et les hommes sont “opposés”.

Mon expérience militante m'a permis de constater que le plus gros obstacle auquel font face les personnes qui rentrent dans la catégorie “queer” ou “LGBTIQ”, lorsqu'il s'agit de s'unir contre le sexisme oppositionnel, est principalement d'ordre conceptuel. Au fil des ans, différents groupes queer ont développé leurs propres théories et expressions pour décrire et faire connaître leurs luttes particulières. Nombre de ces concepts, bien qu'efficaces dans le cadre d'un militantisme unique, sont contreproductifs dans le combat contre le sexisme oppositionnel, parce qu'ils marginalisent et rendent invisibles les expériences des autres personnes queers.

Par exemple, le mouvement de défense des droits des homosexuels a historiquement articulé une grande partie de son activisme autour de la prémisse selon laquelle les personnes hétérosexuelles oppriment les personnes homosexuelles. Ce réductionnisme crée l'impression, fausse, que les personnes homosexuelles et les personnes hétérosexuelles sont “opposées”, une idée qui marginalise les personnes bisexuelles. En outre, les termes les plus couramment utilisés pour décrire les préjugés auxquels sont confronté·es les lesbiennes et les hommes gays, “homophobie” et “hétérosexisme”, impliquent à tort que les personnes queers sont principalement discriminées en raison de leur orientation sexuelle. Il s'agit d'un constat erroné, car les membres des communautés gays et lesbiennes qui sont le plus durement discriminés par le monde hétérosexuel sont ceux dont l'expression de genre est exceptionnelle (c'est-à-dire les hommes gays ouvertement féminins et les femmes lesbiennes butchs). Le fait de privilégier l'orientation sexuelle par rapport aux autres inclinations de genre a permis à certains militants d'exclure les personnes en variance de genre du mouvement (sous prétexte qu'ils se concentrent sur l'orientation sexuelle et non l'identité ou l'expression de genre), tout en affirmant que les préjugés et la violence auxquels sont confrontées les personnes transgenres résultent de l' “homophobie”. Cette appropriation des expériences et luttes des personnes en variance de genre par les militants des droits homosexuels semble avoir pour seul but de placer les gays et les lesbiennes au sommet de la hiérarchie des personnes queers. Tout mouvement dont l'objectif est de mettre réellement fin aux préjugés à l'encontre des personnes queers doit commencer par remplacer les expressions spécifiques aux gays (comme “hétérosexisme”) par des expressions plus inclusives (comme “sexisme oppositionnel”) qui respectent également tous les traits sexuels et genres exceptionnels, et qui reconnaissent le fait que, dans de nombreux cas, l'homophobie et la transphobie sont des phénomènes indissociables.

Le mouvement transgenre, principalement constitué de personnes exclues par les groupes majoritaires de lutte homosexuelle, a ses propres problèmes conceptuels et linguistiques. Le fait qu'au moins 2 classes se chevauchent, celles qui ont des expressions de genre exceptionnelles et celles qui ont des sexes inconscients exceptionnels, aient été englobées dans la catégorie “transgenre” a créé beaucoup de tension et de confusion inutiles. Il en résulte qu'au moins 2 conceptions différents (et largement incompatibles) du genre se sont imposées dans la communauté. La 1ère, suivie par de nombreuses personnes transsexuelles, peut être résumée par la phrase populaire : “le sexe est corporel, le genre est dans la tête”. Si ce slogan est utile pour expliquer pourquoi une personne transsexuelle peut vouloir faire que son sexe physique s'accorde avec son sexe identifié, il simplifie à l'excès le concept de genre. Le fait que le mot “genre” soit un raccourci pour parler de sexe inconscient privilégie par inadvertance le sexe inconscient à l'expression de genre. De plus, il implique par erreur que les aspects les plus influencés socialement (comme l'identité de genre et les rôles genrés), ainsi que la capacité ou la volonté d'une personne de se conformer à des modèles sexistes oppositionnels, découlent directement du sexe inconscient d'une personne, ce qui n'est certainement pas vrai. Les personnes qui adoptent cette conception méprisent souvent les personnes qui s'identifient en dehors de la binarité homme/femme, ou qui expriment des combinaisons de masculinité et de féminité, présumant que ces groupes ne représentent pas des personnes transgenres “sincères” ou “authentiques”.

Les personnes transgenres qui insistent sur le fait que le genre lui-même est entièrement construit ont un point de vue différent. Nombreuses sont les personnes qui se sentent autonomisées par cette idée, parce qu'elle libère leurs traits de genre exceptionnels du stigma social inhérent au sexisme oppositionnel. Mais elle simplifie à outrance le concept de “genre” en rejetant la possibilité qu'il y ait des inclinations intrinsèques, comme le sexe inconscient et l'expression de genre, qui contribuent respectivement à nos identités de genre et nos rôles genrés. Ce type de pensée, lorsqu'il est poussé dans ses retranchements, peut privilégier les personnes qui sont prédisposées à être bigenres et bisexuelles. Dans ce scénario, quelqu'un qui se sent à l'aise en s'identifiant en dehors de la binarité homme/femme, qui exprime des combinaisons de féminité et de masculinité, et/ou qui a des relations avec des personnes qu'importe leur genre, peut supposer à tort que son inclination “bi” représente un état naturel, présent chez tout le monde. Depuis cette perspective “bi-sexiste”, les personnes qui s'identifient exclusivement comme femme ou homme, féminine ou masculine, homosexuelle ou hétérosexuelle, sont supposées avoir développé de telles préférences parce qu'elles ont été trompées par les normes de genre binaires et la socialisation. Ce point de vue a également conduit à la création d'une autre sorte d'opposition binaire, opposant les personnes transgenres qui s'identifient en dehors de la binarité de genre (et qui sont donc supposées défier les normes de genre) aux personnes transsexuelles (qui sont accusés de soutenir le statu quo de genre en effectuant une transition vers leur sexe identifié). De tels arguments, que les personnes bigenres et genderqueer sont plus “radicales” ou “queers” que les personnes transsexuelles, rappellent fortement les accusations similaires faites par le passé par les personnes homosexuelles à l'encontre des personnes bisexuelles. La création de ces pôles radicaux/conservateurs est à la fois égocentrique et anti-queer, car elle rejette la discrimination très réelle à laquelle les personnes transsexuelles et bisexuelles sont confrontées, au profit de l'établissement d'une hiérarchie au sein de la communauté queer.

Ces exemples démontrent la façon dont les théories sur le genre, à la base conçues pour émanciper certaines personnes de la stigmatisation ou de l'oppression liée au genre peuvent souvent marginaliser par inadvertance d'autres minorités sexuelles, voire pire, créer une nouvelle hiérarchie tout aussi oppressive que la précédente. Il existe plusieurs signes révélateurs de théories de genre défectueuses. Tout d'abord, nous devons nous méfier de toute théorie du genre qui part du principe qu'il existe une seule façon “correcte” ou “naturelle” d'être genré·e ou d'avoir une sexualité. De telles théories sont typiquement narcissiques par nature, en ce qu'elles révèlent le désir de leurs concepteurices de se placer au sommet de la hiérarchie de genre. De plus, si on suppose qu'il y a une seule façon “correcte” ou “naturelle” d'être genré·e, alors la seule façon d'expliquer pourquoi certaines personnes ont des genres et des sexualités typiques quand d'autres en ont des exceptionnelles, c'est de supposer que l'un de ces groupes s'est intentionnellement égaré. En effet, c'est exactement ce que la droite religieuse soutient lorsqu'elle invente des histoires sur les personnes homosexuelles qui recruteraient activement de jeunes enfants via l' “agenda gay”. Les personnes qui prétendent que nous naissons toustes avec une tendance bisexuelle, androgyne ou agenre (pour ensuite être modelé·es en hommes masculins et femmes féminines, hétérosexuel·les, par la socialisation et les normes de genre) utilisent une stratégie similaire.

Je refuse toute théorie qui suggère que les gens sont si facilement dupés pour mener des vies sexuelles et genrées aussi artificielles, car mes propres inclinations de genre exceptionnelles ont été assez fortes et persistantes pour être ignorées ou remodelées par la société. Et si le sexisme oppositionnel peut certainement mener de nombreuses personnes à cacher leurs inclinations de genre, je trouve difficile de croire que la vaste majorité des gens cachent leur genre réel et leur sexualité, ou se sont résignés à en accepter d'autres totalement artificiels. Je dirais plutôt que le système de genre oppositionnel de notre culture ne peut être maintenu aussi fermement en place que parce qu'il résonne avec les inclinations de genre de la majorité (la plupart des hommes gravitent vers la masculinité et les femmes vers la féminité, mais pas toustes).

Ensuite, nous devons prendre garde à toute théorie qui tente de simplifier à l'excès le genre. Il est commun que les articles et les livres qui traitent du genre commencent par définir le genre d'une manière exclusive, par exemple en indiquant si une personne est féminine ou masculine (expression de genre/rôle genré), ou si elle s'identifie en tant que femme ou homme (sexe inconscient/identité de genre), ou si elle se comporte en suivant les normes sociales associées à chaque sexe. Ces hypothèses limitent fortement les termes du débat. En vérité, tout dialogue qui porte sur le genre devrait commencer par reconnaitre que le mot “genre” a de nombreuses significations, et que toutes doivent être prises au sérieux si nous espérons avoir une discussion honnête et fructueuse sur le sujet. Ainsi, les théories qui reposent strictement sur un essentialisme de genre ou un constructivisme social, ou qui privilégient certaines inclinations de genre par rapport à d'autres, sont vouées à être inadéquates pour expliquer la grande diversité des genres et des caractères sexuels qui existent dans le monde. Elles rendront inévitablement invisibles certaines minorités sexuelles.

Enfin, nous devons remettre en question toute perspective sur le genre fondée sur la légitimation de genre. Quand nous projetons nos propres préjugés et opinions, fondés sur le genre, sur les comportements et les corps d'autrui, nous écrasons nécessairement la distinction de leurs genres et de leurs sexualités individuelles. Nous avons chacun·e une expérience unique du genre, influencée par des facteurs externes, comme la culture, la religion, la race, la classe économique, l'éducation, le capacitisme, ainsi que par des facteurs intrinsèques tels que l'anatomie, la constitution génétique et hormonale, le sexe inconscient, l'orientation sexuelle et l'expression de genre. Ensemble, ces facteurs aident à déterminer l'expérience genrée à laquelle nous sommes confronté·es, tout comme la façon dont nous les traitons et leur donnons du sens. Pour cette raison, personne n'est capable de comprendre pleinement nos perspectives et expériences genrées, ni de présumer des histoires personnelles, des désirs, des motivations et perceptions genrées d'autrui.

En tant que transsexuelle, j'ai eu la chance de vivre l'expérience plutôt rare (et surréaliste) d'être perçue par les autres à la fois comme une femme et comme un homme, comme homosexuelle et hétérosexuelle, féminine, masculine ou d'un genre ambigu à différents moments de ma vie. On m'a traitée de nombreuses manières selon les cas, et les suppositions qu'on a faites de mon genre et de ma sexualité n'avaient souvent rien à voir avec ma propre identité et mon histoire personnelle. En tant que militante du genre, je crois qu'il est crucial pour nous de reconnaitre cette différence massive qui existe entre l'expérience perçue et l'expérience personnelle. Bien que je ne crois pas qu'il existe un mur impénétrable entre les femmes et les hommes, les queers et les hétérosexuel·les, je crois qu'il existe une différence entre notre genre expérientiel, que l'on vit, ressent et dont nous faisons l'expérience, et le genre des autres, que nous apercevons seulement ou sur lequel nous faisons des hypothèses, mais que nous ne pouvons jamais vraiment connaître de manière tangible. Il est temps pour les discours sur le genre et la sexualité de prendre connaissance de cette grande division, pour dépasser la rhétorique insolente de la légitimation de genre et les théories du genre à sens unique. Nous devons arrêter de projeter ce que nous croyons savoir sur le genre et la sexualité d'autrui, et, à la place, apprendre à tenir compte des identités, expériences et perspectives de chacun·e.


  1. Par souci de simplicité, dans ce chapitre, ainsi que tout au long du livre, je ferai référence à “expression de genre” au singulier. Malheureusement, certain·es pourraient mal l'interpréter, en assumant que la féminité et que la masculinité sont uniques, des entités ou des logiciels uniques. Ce n'est pas mon intention. Je pense qu'il est préférable de voir l'expression de genre comme une collection de qualités hétérogènes, chacune ayant potentiellement des origines biologiques et/ou sociologiques différentes. Pour une discussion plus nuancée sur ce sujet, voir le chapitre 19, “Remettre le féminin dans le féminisme”. ↩︎

  2. Roughgarden, Evolution’s Rainbow, 280-288. ↩︎

  3. Bruce Bagemihl, Biological Exuberance: Animal Homosexuality and Natural Diversity (New York, St. Martin’s Press, 1999) ; Roughgarden, Evolution’s Rainbow. ↩︎

  4. Richard A. Lippa, Gender, Nature, and Nurture, sec. ed. (Mahwah, New Jersey: Lawrence Erlbaum Associates, Inc., 2005), 4-9. ↩︎

  5. Melanie Blackless, Anthony Charuvastra, Amanda Derryck, Anne Fausto-Sterling, Karl Lauzanne et Ellen Lee, “How Sexually Dimorphic Are We? Review and Synthesis,” American Journal of Human Biology 12 (2000), 151-166. ↩︎

  6. Pour un aperçu de ces différents groupes, voir Serena Nanda, Gender Diversity: Crosscultural Variations (Prospect Heights: Waveland Press, 2000), et les références qui y figurent. Il y a également de nombreux exemples de personnes transgenres sur le spectre FtM/transmasculin dans d'autres cultures, même si elles reçoivent moins d'attention que leurs homologues sur le spectre MtF/transféminin. ↩︎

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MaddyKitty

Anarchiste. Femme non-binaire et vnr