Représentation médiatique de l'archétype de la “transsexuelle pathétique”. Ici Rayon, interprétée par Jared Leto dans le film Dallas Buyers Club, film de Jean-Marc Vallée.

Whipping Girl - Les pervers en jupe : pourquoi les médias représentent la révolution trans en rouge à lèvres et talons hauts

Traduction 3 juil. 2022

Source : (trouvable sur les internets mondiaux)

Autrice : Julia Serano

Traducteurice : Maddykitty


Whipping Girl, par Julia Serano

Le passage suivant est extrait du livre de Julia Serano, Whipping Girl, aux éditions Seal Press : “Chapter 2 - Skirt Chasers: Why the Media Depicts the Trans Revolution in Lipstick and Heels”

Whipping Girl
“A foundational text for anyone hoping to understand transgender politics and culture in the U.S. today.” —NPRNamed as one of 100 Best Non-...

[CW viol, mention d'organe génital]

En tant que femme transsexuelle, je suis souvent confrontée à des personnes qui insistent pour dire que je ne suis pas et ne serai jamais une “vraie femme”. L'un des raisonnements les plus courants est le suivant : pour être une femme, il ne suffit pas de porter une jupe. Je suis tout à fait d'accord. C'est pourquoi il est particulièrement frustrant de sentir la confusion des gens parce que, bien que j'ai effectué une transition et que je vis en tant que femme, je porte rarement du maquillage et m'habille rarement de manière très féminine.

S'il existe autant de types de femmes trans que de femmes en général, la plupart des gens pensent que toutes les femmes trans cherchent à se rendre aussi belles, féminines et passives que possible. S'il y a certainement des femmes trans qui souscrivent au dogme dominant de la beauté et de la féminité, d'autres sont des féministes et des militantes qui combattent tous les stéréotypes de genre. Mais vous ne pourrez jamais le savoir en regardant nos représentations médiatiques, qui estiment que toutes les personnes transsexuelles sont MtF, et que toutes les femmes trans veulent atteindre une féminité stéréotypique.

L'existence des personnes transsexuelles, qui transitionnent d'un sexe à l'autre et vivent souvent de manière inaperçue dans le sexe “opposé” à celui qui leur a été assigné à la naissance, peut remettre en question les suppositions communes selon lesquelles les différences de genre proviennent de nos chromosomes et de nos organes génitaux de manière simple et directe. Nous pouvons bouleverser des notions aussi évidentes que celles de femme et d'homme, d'homosexuel et d'hétérosexuel. Ces termes perdent leur signification précise lorsque le sexe assigné et le sexe vécu d'une personne ne sont pas les mêmes. Mais puisque nous sommes une menace pour les catégories qui permettent l'existence des sexismes traditionnel et oppositionnel, les images et expériences des personnes trans sont présentées dans les médias de manière à réaffirmer les stéréotypes de genre, plutôt que les remettre en question.

Les archétypes de femmes trans dans les médias

Les portraits médiatiques des femmes trans, qu'ils prennent la forme de personnages de fiction ou de personnes existantes, relèvent généralement de l'un des deux archétypes suivants : la “transsexuelle trompeuse” ou la “transsexuelle pathétique”. Si les personnages inspirés des deux modèles sont présentés comme ayant un intérêt direct à obtenir une apparence ultra-féminine, ils diffèrent dans leur capacité à y parvenir. Comme les “trompeuses” réussissent à se faire passer pour des femmes, elles jouent généralement le rôle d'un rebondissement inattendu, ou le rôle de prédateurs sexuels qui trompent d'innocents hommes hétérosexuels pour qu'ils tombent amoureux d'autres “hommes”.

L'exemple le plus célèbre de “trompeuse” est sans doute le personnage de Dil, dans le film The Crying Game, sorti en 1992.

Dans le film, le personnage de Dil est interprété par Jaye Davidson.
Affiche du film The Crying Game, de Neil Jordan

Le film est devenu un élément majeur de la pop culture, principalement parce que la plupart des spectateurs ne savent pas que Dil est trans avant la moitié du film. Cette révélation intervient lors d'une scène d'amour entre elle et Fergus, le protagoniste qui la courtise.

Fergus est interprété par l'acteur Stephen Rea.

Quand Dil se déshabille, l'audience, avec Fergus, découvre que Dil est physiquement un homme. Quand j'ai vu le film, la plupart des hommes dans le cinéma se sont senti mal à l'aise devant cette révélation. A l'écran, Fergus a une réaction similairement intense : il gifle Dil et court dans la salle de bain pour vomir.

Le film Ace Ventura, détective chiens et chats met en scène une “transsexuelle trompeuse” dans le rôle du méchant.

Affiche du film Ace Ventura, détective chiens et chats, de Tom Shadyac

Le lieutenant de police Lois Einhorn (jouée par Sean Young) est en fait Ray Finkle, ancien botteur de l'équipe des Dolphins de Miami. Celui-ci a volé la mascotte de l'équipe dans le but de se venger de Dan Marino, quarterback des Dolphins.

Sean Young dans le rôle de Lois Einhorn/Ray Finkle

L'intrigue bizarre se termine quand Ventura déshabille Einhorn devant une vingtaine de policiers et annonce : “Elle souffre du pire cas d'hémorroïdes que j'aie jamais vu”. Il la tourne afin que nous puissions voir son pénis et ses testicules repliés entre ses jambes. Tous les policiers vomissent alors que le thème du film The Crying Game est diffusé en fond sonore.

Bien que les “trompeuses” passent avec succès pour des femmes, et sont souvent jouées par des actrices femmes (à l'exception notable de Jaye Davidson qui joue Dil), ces personnages ne sont jamais destinés à remettre en question nos suppositions sur le genre. Au contraire, elles sont présentées comme de “fausses femmes”, et leur identité “secrète” trans est révélée dans un moment dramatisé qui doit révéler la “vérité”. À ce moment, l'apparence de la “trompeuse” (son statut de femme) est réduite à une simple illusion, et son secret (son appartenance aux hommes) devient sa véritable identité.

Afin de souligner leur “véritable” appartenance aux hommes, les “trompeuses” sont le plus souvent utilisées comme des objets qui provoquent l'homophobie masculine chez les autres personnages, ainsi que dans le public lui-même. Ce phénomène est particulièrement évident dans les talk shows comme celui de Jerry Springer, qui diffusent régulièrement des épisodes aux titres évocateurs comme “Ma petite amie est un homme” et “Je suis vraiment un homme !” qui mettent en scène les coming out de femmes trans à leurs petits amis hétérosexuels.

Dans une télé-réalité britannique récente, There’s Something About Miriam, six hommes hétérosexuels font la cour à une femme très belle, qui, à leur insu, se trouve être transsexuelle. La diffusion de l'émission a été retardée de plusieurs mois car les hommes ont menacé de poursuivre les producteurs de l'émission, alléguant qu'ils avaient été victimes de diffamation, de dommages corporels et de conspiration en vue de commettre une agression sexuelle. L'affaire a finalement été réglée à l'amiable. Chacun des hommes est reparti avec une somme de 125 000 livres sterling (plus de 200 000 dollars américains à l'époque).[1]

Dans l'adaptation cinématographique du roman Myra Breckinridge de Gore Vidal, la protagoniste est une femme trans qui revient à Hollywood dans l'intention de prendre sa revanche sur la virilité traditionnelle et “réajuster les sexes”.

Ce “réajustement” implique apparemment le viol d'un ancien joueur de football avec un gode ceinture, ce qu'elle fait à un moment du film. Le thème récurrent des femmes trans “trompeuses” qui se vengent des hommes, parfois en les séduisant, semble être une reconnaissance inconsciente du fait que les privilèges masculins et hétérosexuels sont menacés par les femmes transsexuelles.

Au contraire des “trompeuses”, qui exercent leur ruse féminine avec succès, les personnages de “transsexuelles pathétiques” ne trompent personne. Malgré ses manières masculines et son ombre de barbe, la “transsexuelle pathétique” va inévitablement insister sur le fait qu'elle est une femme piégée dans un corps d'homme. La contradiction flagrante entre l'identité de genre du personnage “pathétique” et son apparence physique sert souvent à déclencher les fous rires. C'est le cas dans la transition du musicien Mark Shubb (joué comme un baryton barbu par Harry Shearer) à la fin du film A Mighty Wind de 2003.

Affiche du film A Mighty Wind, de Christopher Guest

Contrairement aux “trompeuses”, dont la capacité à “passer pour vraies” constitue une menace sérieuse aux idées communes sur le genre et la sexualité, les “transsexuelles pathétiques”, qui ressemblent à peine à des femmes, sont généralement considérées comme inoffensives. C'est sans doute pour cette raison que la plupart des portraits de femmes trans les plus attachants de la pop culture entrent dans la catégorie “pathétique” : l'interprétation de l'ex-joueuse de football Roberta Muldoon par John Lithgow, nominé aux Oscars, dans Le Monde selon Garp (1982), et le rôle de Terence Stamp dans Priscilla, folle du désert (1994), où il incarne Bernadette, une danseuse de revue vieillissante.

Plus récemment, le film indépendant The Adventures of Sebastian Cole commence avec son protagoniste adolescent, qui apprend que son beau-père Hank, qui ressemble et se comporte comme le roadie d'un groupe de rock des années '70, va devenir Henrietta.

Affiche du film The Adventures of Sebastian Cole, de Tod Williams

Personnage sympathique et seul élément stable dans la vie de Sebastian, Henrietta passe la majeure partie du film à porter des chemises de nuit aux motifs fleuris et et des hauts à épaules dénudées, avec des tonnes de bijoux et de maquillage. Malgré sa manière extrêmement féminine de s'habiller, elle continue à ne montrer que des comportements masculins stéréotypés, reluquant ouvertement une serveuse et frappant un homme qui la traite de “pédale” (après quoi elle se lamente : “Je me suis cassé un ongle”).

Hank/Henrietta Rossi, interprétée par Clark Gregg dans le film The Adventures of Sebastian Cole.

Dans le cas d'Henrietta, cette combinaison extrême de masculinité et de féminité ne semble pas faite pour bousculer les attentes de l'audience en matière de genre. Au contraire, la voix masculine d'Henrietta et ses manières sont faites pour démontrer que, malgré son désir d'être une femme, elle ne peut pas changer le fait qu'elle est vraiment et réellement un homme. Comme pour les rôles de Roberta dans Le monde de Garp et de Bernadette dans Priscilla, folle du désert, l'audience est poussée à respecter Henrietta en tant que personne, mais pas en tant que femme.

Roberta Muldoon, interprétée par John Lithgow dans le film Le monde selon Garp.
Bernadette, interprétée par Terence Stamp dans le film Priscilla, folle du désert.

Si nous sommes supposé·es admirer leur courage, qui provient vraisemblablement de la difficulté de vivre en tant que femmes qui n'ont pas l'air très féminines, nous ne sommes pas censé·es nous identifier à elles ou être sexuellement attiré·es par elles, comme nous devrions l'être par les “trompeuses” comme Dil.

Il est intéressant de noter que si la masculinité extérieure des personnages de “transsexuelles pathétiques” est toujours mise en avant, il en va de même pour leur manque d'organes génitaux (ou leur désir de s'en séparer). En fait, certaines des répliques les plus mémorables de ces films sont prononcées lorsque le personnage de la “transsexuelle pathétique” prend à la légère sa propre castration. A un moment du film Priscilla, Bernadette remarque que ses parents ne lui ont plus jamais adressé la parole “après qu' [elle] l'ait coupé”. Dans Le monde de Garp, lorsqu'un homme est blessé dans un accident de voiture alors qu'il recevait une fellation, Roberta sort cette réplique : “J'ai retiré la mienne par chirurgie sous anesthésie générale, mais se la faire arracher dans une Buick...” Dans le film biographique romancé Ed Wood (1994), Bill Murray joue une autre “transsexuelle pathétique”, Bunny Breckinridge.

Affiche du film Ed Wood, de Tim Burton

Après avoir vu le film Louis ou Louise (NdT : Glen or Glenda en version originale), une Bunny inspirée part au Mexique pour changer de sexe, et elle annonce à Wood : “Votre film m'a fait prendre conscience que je devais agir. Au revoir pénis !”.

La légèreté des commentaires de la transsexuelle “pathétique” sur la possibilité de se faire castrer contraste fortement avec la révélation de la “trompeuse”, qui est généralement démasquée par quelqu'un d'autre de manière embarrassante, et souvent violente. Un freudien pourrait suggérer que la nature dangereuse de la transsexuelle trompeuse est symbolisée par la présence d'un pénis caché, alors que la transsexuelle pathétique est inoffensive à cause de son absence de pénis. Depuis une interprétation moins phallique, l'acte même de “passer” fait de toute femme trans qui peut le faire une “trompeuse”. En fin de compte, les personnages transsexuelles “trompeuses” ou “pathétiques” sont conçues pour valoriser le préjugé populaire selon lequel les femmes trans sont réellement des hommes. Les transsexuelles “pathétiques” peuvent vouloir être des femmes, mais leur apparence et leurs manières masculines les trahissent toujours. Et si la “trompeuse” est initialement perçue comme une “vraie” femme, elle finit par se révéler être un loup déguisé en brebis. Cette illusion est le produit du mensonge et des techniques médicales modernes. Elle est généralement punie en conséquence.

Une fascination pour le processus de “féminisation”

Dans pratiquement toutes les représentations de femmes trans, qu'elles soient réelles ou fictionnelles, “trompeuses” ou “pathétiques”, il est admis qu'elles veulent atteindre une apparence et une rôle genré stéréotypiquement féminins. La possibilité que les femmes trans puissent être capables faire la distinction entre s'identifier comme femmes et cultiver une image hyper-féminine n'est même pas envisagée. En fait, les médias s'attardent souvent sur les détails du processus de féminisation. Ils montrent des femmes trans qui revêtent une apparence féminine. Il est révélateur que les producteurs d'émissions télévisions, de films et de journaux ne se contentent pas de montrer des femmes trans qui portent des vêtements féminins et du maquillage. Leur intention est plutôt de capturer les femmes trans qui mettent du rouge à lèvres, des robes, des hauts talons, afin de donner à leur audience l'impression que l'appartenance des femmes trans au groupe des femmes est factice.

Transamerica (2005) est un excellent exemple de ce phénomène. C'est un film type “road-trip entre amis” qui met en relation Bree Osborne (interprétée par Felicity Huffman), une femme trans qui fait face à un fils dont elle ignorait l'existence.

Affiche du film Transamerica, de Duncan Tucker

Dès les cinq premières minutes de film, on peut voir Bree s'entrainer avec le tutoriel “Finding Your Female Voice”, enfiler des collants, rembourrer son soutien-gorge, porter un tailleur rose, peindre ses ongles (aussi en rose) et mettre du rouge à lèvres, du fard à paupières, du fond de teint et d'autres cosmétiques.

Cette scène (de façon peu subtile) est immédiatement suivie du premier dialogue du film, où Bree annonce à un psychiatre qu'elle suit un traitement hormonal depuis 3 ans, qu'elle pratique des épilations par électrolyse, qu'elle a également eu une chirurgie de féminisation du visage (NdT : souvent abrégée par FFS, Facial Feminization Surgery), un lifting des sourcils, une réduction du front, un remodelage de la mâchoire et une réduction de la pomme d’Adam (rasage trachéal). Ce déferlement d'informations sur sa féminisation médicale, ainsi que sa routine quotidienne, est clairement conçu pour démontrer que l'identité de femme de Bree est artificielle, imitative. Il réduit sa transition à la recherche d'une simple apparence féminine.

[TW transphobie]

Bande-annonce du film Transamerica

Tout au long du film, les vêtements et les cosmétiques sont utilisés à plusieurs reprises pour souligner l'imposture de Bree. Une déferlante de scènes la présente en train de s'habiller et se déshabiller, comme si ses vêtements représentaient une sorte de déguisement. Nous la voyons se maquiller ou rectifier son maquillage presque chaque fois qu'elle en a l'occasion. Il est difficile de ne pas voir dans les épaisses couches de fond de teint qu'elle porte constamment un masque qui cache la “vraie” Bree (sans aucun doute plus masculine). Si certains travestis MtF portent souvent un maquillage épais pour cacher l'ombre de leur barbe, une femme trans comme Bree, qui suit un traitement hormonal et qui a pratiqué une épilation par électrolyse, ne devrait pas en avoir besoin. En effet, le fait que son fond de teint commence à briller sous l'effet de la transpiration à de nombreux moments du film, et qu'elle trébuche avec ses hauts talons de nombreuses fois, des faux pas qui ne semblent jamais toucher les femmes cissexuelles à Hollywood, montre clairement que le réalisateur a utilisé ces accessoires féminins dans l'intention de montrer que Bree agit maladroitement en tentant “d'être une femme”. Et il a très certainement réussi, car Felicity Huffman semble infiniment plus artificielle que plusieurs des femmes transgenres réelles (telles qu'Andrea James et Calpernia Addams) qui apparaissent brièvement dans le film.

Calpernia Addams, Felicity Huffman et Andrea James (respectivement à gauche, au centre et à droite)

La volonté des médias de céder à la fascination du public pour la superficialité qui accompagnerait la féminisation des “hommes” salit également la non-fiction et les tentatives sérieuses de raconter les histoires de femmes trans. Par exemple, l'article du New York Times paru en 2004, “As Repression Eases, More Iranians Change Their Sex”, n'a rien de sensationnaliste. Il décrit la progression des droits des personnes transsexuelles en Iran.[2] Pourtant, l'une des deux photos qui accompagnent la pièce montre une femme trans iranienne qui se met du rouge à lèvres. En 2003, The Oprah Winfrey Show a diffusé une émission spéciale en deux parties sur les femmes transsexuelles et leurs épouses. Le premier épisode était entièrement consacré à un entretien en tête-à-tête avec Jennifer Finney Boylan, autrice de l'autobiographie She’s Not There: A Life in Two Genders.

Première de couverture de l'autobiographie de Jennifer Finney Boylan, She’s Not There: A Life in Two Genders

Si la conversation d'Oprah Winfrey avec Boylan était respectueuse et sérieuse, l'épisode s'ouvre néanmoins sur des scènes prévisibles de femmes qui se maquillent les yeux, mettent du rouge à lèvres et des chaussures, et l'entretien lui-même est entrecoupé de photos de Boylan “avant”, comme pour nous rappeler constamment qu'elle est malgré tout un homme.

Jennifer Finney Boylan Looks Back on Her Infamous Interview With Oprah
On The Advocate’s LGBTQ&A podcast, the icon and author discusses how conversations about trans identity have evolved since the 2000s.
Photo présentation de l'entretien entre WInfrey et Boylan

Les images des médias de masses qui montrent des “hommes biologiques” qui s'habillent et agissent de manière féminine pourraient potentiellement remettre en question les notions de genre communément admises, mais la façon dont sont mises en scène ces moments de féminisation garantit que ça n'arrivera jamais. Les médias neutralisent la potentielle menace que les féminités trans font peser sur la catégorie de “femme” en jouant sur les croyances inconscientes du public. La féminité elle-même est artificielle. Après tout, si la plupart des gens considèrent que les femmes sont naturellement féminines, ils attendent d'elles (de manière plutôt hypocrite) qu'elles passent une heure ou deux par jour à s'apprêter pour répondre aux standards sociaux de féminité (contrairement aux hommes, dont la masculinité est censée découler directement de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font). En fait, c'est la supposition même que la féminité est par essence “artificielle,” “frivole” et “manipulatrice” qui permet à la masculinité de toujours paraître “naturelle,” “concrète” et “sincère” en comparaison. De fait, les médias peuvent montrer des femmes trans qui portent des robes et des accessoires féminins sans jamais donner l'impression qu'elles peuvent “réellement” être des femmes par ce processus. De plus, en se concentrant sur les aspects les plus artificiels de la féminité, les médias évoquent l'idée que les femmes trans vivent en quelque sorte un fétiche sexuel. La sexualisation des motifs de transition des femmes trans, non seulement rabaisse l'identité des femmes trans, mais encourage en plus l'objectivation des femmes par la même occasion.

Bien sûr, ce qui passe toujours inaperçu, ce sont les efforts des producteurs pour présenter des scènes voyeuristes et superficielles dans lesquelles les femmes trans se font maquiller et habiller. Shawna Virago, une musicienne, militante trans de San Francisco et directrice du festival de films Tranny Fest, a connu de nombreux déboires avec des journaux locaux.

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Le Tranny Fest s'appelle depuis le San Francisco Transgender Film Festival. C'est le plus vieux festival de films dédié aux films transgenres.
https://en.wikipedia.org/wiki/San_Francisco_Transgender_Film_Festival

Par exemple, alors que Virago organisait un forum pour faciliter la communication entre la police et la communauté trans, un journaliste a pris contact avec elle ainsi que d'autres militant·es transgenres, afin d'écrire un article. Cependant, le papier ne concernait pas du tout leurs intentions politiques, mais leur transition. “Ils voulaient des photos ‘avant/après’ de chacun d'entre nous”, disait Shawna.

Ça m'a agacé, et j'ai tenté d'expliquer au journaliste que le truc avant-après n'avait rien à voir avec les abus policiers et d'autres problèmes, comme par exemple le rapport des femmes trans au VIH, mais il n'a pas compris. J'ai donc été retirée de l'article.

Quelques années plus tard, quelqu'un d'un autre journal contacte Virago et lui demande une photo d'elle en train de se “préparer à sortir” :

Je lui ai dit que je ne pensais pas qu'une photo de moi sautant du lit pour courir après [le bus] aurait quelque chose d'attrayant.
Il lui dit, ‘Vous savez, vous faire belle, vous maquiller.’ J'ai refusé, mais ils ont trouvé une femme trans qui s'est pliée à l'exercice, et elle était là à mettre du mascara, du rouge à lèvres et une jolie robe, ce qui n'avait rien à voir avec l'article, qui était censé traiter des problèmes politiques et sociaux rencontrés par la communauté trans.[3]

Nancy Nangeroni et sa partenaire Gordene O. MacKenzie, qui animent ensemble l'émission de radio GenderTalk, ont décrit deux incidents similaires dans l'un de leurs programmes.

Dans les deux cas, alors qu'elles étaient filmées, les producteurs voulaient obtenir des images d'elles en train de se maquiller ensemble (requêtes qu'elles ont refusé toutes les deux).[4] J'ai moi-même vécu une expérience similaire en 2001, juste avant que je commence à prendre des hormones. Un ami a arrangé l'entrevue avec une personne qui réalisait un film sur le mouvement transgenre. La réalisatrice était particulièrement déçue lorsque je suis arrivée, ressemblant à un mec normal, avec un T-shirt, un jean et des baskets. Elle m'a quand même demandé si je voulais mettre du rouge à lèvres pendant qu'elle me filmait. Je lui ai dit que porter du rouge à lèvres n'avait rien à voir avec le fait que je sois transgenre ou que je m'identifie en tant que femme. Elle a pris quelques images (sans rouge à lèvres) et m'a dit qu'elle me recontacterait si elle décidait de l'utiliser. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles.

Lorsque les spectateurs visionnent des scènes de femmes trans qui enfilent des robes ou qui se maquillent, ils ne voient pas nécessairement ce qui fait la valeur de ces femmes ; ils sont témoins de l'obsession des producteurs de contenus médiatiques pour tous les objets communément associés à la sexualité des femmes. Pour le dire autrement, la fascination des médias et des spectateurs pour le processus de féminisation des femmes trans est un sous-produit de leur sexualisation de toutes les femmes.

La différence de perception médiatique entre groupes transgenres

Il existe sans doute une connexion entre les différentes valeurs accordées aux hommes et aux femmes dans notre culture, et la fascination des médias qui représente davantage les femmes trans davantage que les hommes trans, qui sont nés femmes mais qui s'identifient comme hommes. Bien que le nombre de personnes effectuant une transition dans chaque direction est relativement égal ces derniers temps, la couverture médiatique tend à nous faire croire qu'il y a une grosse disparité dans la population trans.[5]

Jamison Green, un homme trans dont la rédaction d'un rapport en 1994 a conduit la ville de San Francisco à étendre la protection en matière de droits civils afin d'y inclure l'identité de genre, a dit un jour ceci sur la couverture médiatique de l'événement :

Plusieurs fois au palais de justice, alors que la presse accordait des interviews, j'écoutais les journalistes demander qui avait écrit le rapport, et quand je leur disais que j'en étais l'auteur, je les voyais regarder à travers moi, à la recherche d'un homme avec une robe qui aurait écrit le rapport et qu'ils pourraient interroger. Plus d'une fois un journaliste m'a demandé avec incrédulité : ‘C'est vous qui êtes l'auteur de ce rapport ?’ Ils ont supposé qu'en raison de mon apparence ‘normale’, je ne serais pas digne d'intérêt.[6]

Jamison Green, militant trans (né en 1948). Président de la WPATH de 2014 à 2016.

Bien sûr, les médias tendent à ne pas tenir compte des hommes trans, voire carrément les ignorer, parce qu'ils sont incapables d'en faire des sujets d'information à sensation de la même façon qu'ils le font avec les femmes trans, sans remettre la masculinité elle-même en question. Et dans un monde où la psychologie moderne a été fondée sur l'enseignement que les jeunes filles souffrent de l'envie de pénis, la plupart des gens pensent que la recherche de la masculinité semble être un objectif parfaitement raisonnable. L'auteur et spécialiste de la question sexuelle Patrick Califia, qui est un homme trans, écrit la chose suivante dans un livre paru en 1997, Sex Changes: The Politics of Transgenderism :

Il semble que le monde soit toujours davantage titillé par ‘un homme qui veut devenir une femme’ que par ‘une femme qui veut devenir un homme’. Le premier est scandaleux, le second est considéré comme allant de soi. Cela reflète les différences de privilège entre les hommes et les femmes dans notre société. Bien sûr que les femmes veulent devenir des hommes, semble-t-il, et bien sûr qu'elles ne le peuvent pas. Et c'est tout.[7]

Première de couverture d'un livre de Patrick Califia, Sex Changes: The Politics of Transgenderism

Dès lors qu'on reconnait de quelle façon la différence de couverture médiatique sur les personnes transsexuelles est influencée par les différentes valeurs que notre société assigne au fait d'être une femme ou un homme, il devient évident que pratiquement toutes les tentatives de sensationnalisation et d'humiliation des femmes trans sont construites sur une misogynie tacite. Comme la plupart des gens ne comprennent pas pourquoi quelqu'un voudrait renoncer aux privilèges et au pouvoir masculin pour devenir une femme relativement dépourvue de pouvoir, ils supposent que les femmes trans effectuent leur transition de façon à obtenir le seul type de pouvoir que les femmes sont supposées avoir dans notre société : la capacité à exprimer sa féminité et attirer les hommes. C'est pourquoi les femmes trans comme moi, qui s'habillent rarement de manière féminine et/ou qui ne sont pas attirées par les hommes, restent une énigme pour tant de gens. Si mon désir d'être une femme est conditionné à un soi-disant fétichisme de la féminité ou une perversion sexuelle, ils estiment que les femmes n'ont aucune valeur au-delà de la mesure dans laquelle elles peuvent être sexualisées.

Représentations féministes des femmes trans

Il y a de nombreux parallèles entre la façon dont les femmes trans sont décrites dans les médias et le portrait qu'en font certaines théoriciennes féministes. Certaines féministes, notamment les plus jeunes qui ont atteint l'âge adulte dans les années 1980 ou 1990, reconnaissent que les femmes trans peuvent être des alliées dans le combat pour l'élimination des stéréotypes de genre. D'autres féministes par contre, notamment celles qui adhèrent à l'essentialisme de genre, croient que les femmes trans renforcent le sexisme par l'imitation d'attitudes patriarcales sur la féminité, ou que nous objectivons les femmes en essayant de posséder un corps de femme qui nous est propre. Nombre de ces idées viennent du livre de Janice G. Raymond, The Transsexual Empire: The Making of the She-Male, paru en 1979 (NdT : aucun des travaux de Raymond n'a paru en France étonnament), qui est sans doute le livre féministe le plus influent sur les personnes transsexuelles. Comme les médias, Raymond ignore quasiment les hommes trans, qu'elle considère comme des “pions”. À la place, elle se concentre surtout sur les femmes trans, en insistant sur le fait qu'elles effectuent une transition de manière à atteindre une féminité stéréotypique. Elle affirme même que :

la plupart des transsexuels se conforment davantage au rôle féminin que même la plus féminine des femmes naturelles.[8]

Ce fait ne surprend pas Raymond, puisqu'elle estime que la féminité elle-même est un sous-produit, un artifice de la société patriarcale. Ainsi, bien que les femmes trans puissent atteindre la féminité, Raymond ne croit pas qu'elles puissent devenir de “vraies” femmes. Pour insister sur ce point, elle désigne les femmes trans par l'expression “male-to-constructed-females”, et s'adresse à elles avec des pronoms masculins tout au long du livre. Ainsi, Raymond construit son argumentaire en s'appuyant sur les mêmes stratégies que les médias : elle décrit les femmes trans comme hyper-féminines (dans le but de rendre leur identité de femme totalement artificielle) et elle les hyper-sexualise (en minimisant l'existence des personnes trans qui effectuent une transition en tant qu'hommes).

Contrairement aux médias, Raymond reconnait l'existence de femmes trans qui ne sont pas stéréotypiquement féminines, bien qu'à contrecœur. Elle écrit :

J'ai beaucoup hésité à consacrer un chapitre de ce livre à ce que j'appelle le ‘transsexuel constitué en lesbienne-féministe’.[9]

Puisqu'elle croit que les lesbiennes-féministes représentent “un petit nombre de transsexuels” (une affirmation qu'elle ne prend pas la peine de vérifier), elle ne semble pas souhaiter discuter de leur existence, si ce n'est pour “le débat récent et la discorde [que le sujet] a suscités dans les cercles féministes.”[10] Étant donné que Raymond croit que la féminité sape la vraie valeur des femmes, vous pourriez être en droit de penser qu'elle serait ouverte aux femmes trans qui dénoncent les stéréotypes de genre patriarcaux. Cependant, ça n'est pas le cas. A la place, elle affirme :

Si le transsexuel féminisé tente de posséder le corps des femmes tout en jouant sur les images dans lesquelles les hommes ont modelé les femmes, le transsexuel qui prétend être une lesbienne-féministe s'en prend aux femmes de manière plus profonde.[11]

Tout au long du reste de ce chapitre, elle discute de la manière dont les femmes trans lesbiennes-féministes usent de la “tromperie” dans le but de “pénétrer” les espaces et les esprits des femmes. Elle dit encore :

Bien que le transsexuel féminisé constitué en lesbienne-féministe ne montre pas une identité et un rôle féminins, il montre un comportement stéréotypiquement masculin.[12]

Les femmes trans se retrouvent donc dans une situation inextricable : si elles agissent de manière féminine elles sont perçues comme des parodies, mais si elles agissent de manière masculine c'est le signe de la réalité de leur identité d'homme. Cette stratégie rappelle les archétypes transsexuels issus de la pop culture. Raymond et les médias veillent à ce que les femmes trans, qu'elles soient féminines ou masculines, qu'elles “passent” ou non, soient toujours considérées comme des imposteurs, qu'importe leur apparence ou leur comportement.

Si une grande partie du livre est exagérée (le livre part de la prémisse que “les femmes biologiques vont devenir obsolètes à cause de la bio-médecine”), nombre des arguments de Raymond trouvent écho dans les tentatives récentes qui visent à exclure les femmes trans des organisations et des espaces de femmes. En fait, le plus grand évènement en non-mixité féminine, le Michigan Womyn's Music Festival (souvent appelé “Michigan”, ou MichFest), continue d'appliquer une politique womyn-born-womyn (NdT : littéralement les femmes nées femmes, donc assignées femmes à la naissances), qui vise spécifiquement les femmes trans afin qu'elles ne puissent pas y participer.[13]

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D'ailleurs le MichFest a fermé suite aux polémiques. Dès 1994, un festival alternatif a lieu juste à côté du lieu, le Camp Trans, dont Riki Anne Wilchins est l'instigatrice. Elle avait également lancé en 1993 une organisation pour les droits des personnes transgenres sur le modèle de Lavender Menace, The Transsexuel menace.
Le Camp Trans, for Humyn-Born Humyns. Slogan qui moque le mot "womyn".

Les excuses utilisées pour rationaliser l'exclusion des femmes trans ne visent pas à protéger les valeurs des espaces réservés aux femmes, mais plutôt à renforcer l'idée que les femmes trans sont de “vrais” hommes et des imposteurs. Par exemple, parmi les raisons les plus citées, les femmes trans ne seraient pas autorisées dans le festival parce que nous sommes nées avec un pénis et que nombre d'entre nous en ont toujours un (de nombreuses femmes trans ou ne peuvent pas se permettre ou préfèrent ne pas avoir de chirurgie de réassignation sexuelle). On prétend que nos pénis sont dangereux car ils sont le symbole de l'oppression masculine et peuvent possiblement bouleverser les femmes qui ont été victimes de violences sexuelles. Les pénis sont donc bannis du festival, non ? Pas du tout : le festival autorise les femmes à acheter et utiliser des godemichés, des godes ceintures et même des packers, dont beaucoup ressemblent à des pénis. Les pénis ne sont donc pas le problème, tant qu'ils ne sont pas attachés à une femme trans.

Une autre raison souvent évoquée pour l'exclusion des femmes trans est que nous apporterions une “énergie masculine” dans le festival. S'il semble que les expressions de la masculinité sont interdites, rien ne pourrait s'éloigner davantage de la vérité. Le festival autorise les acteurs drag king, qui s'habillent et agissent comme des hommes, et la scène du festival a accueilli plusieurs artistes transgenres au corps féminin qui utilisent souvent des pronoms masculins.[14] On peut supposer que Lisa Vogel (qui est l'unique propriétaire du festival) autorise cette pratique car aucune personne née femme n'est capable de faire preuve d'une masculinité authentique ou d'une “énergie masculine”. Non seulement cette affirmation est une insulte faite aux hommes trans (car elle suggère qu'ils ne pourront jamais être pleinement masculins ou des hommes), mais elle implique que l'énergie masculine peut être mesurée d'une manière ou d'une autre, indépendamment de l'apparence féminine ou masculine de la personne qui l'exprime. Ce n'est manifestement pas le cas. Bien que je sois une femme trans, je n'ai jamais été accuser d'exprimer une “énergie masculine”, parce que les gens me perçoivent comme une femme. Quand j'agis de manière “masculine”, les gens me décrivent comme “tomboy” ou “butch” et si je deviens agressive ou polémique, on me traite de “garce”. Mon comportement est toujours le même. Ce qui change c'est le contexte dans lequel mon corps est perçu (selon que les gens me voient comme un homme ou comme une femme).

C'est un problème inévitable dû aux tentatives de décrire les femmes trans comme de “fausses” femmes (qu'importe que les médias ou les féministes en soient à l'origine) : elles requièrent de donner des noms, des significations et des valeurs différentes aux mêmes comportements selon que la personne en question est née avec un corps masculin ou féminin (ou selon qu'elle est perçue comme une femme ou comme un homme). Pour le dire autrement, on nous demande d'être sexistes. Quand les gens insistent sur l'existence de différences essentielles entre femmes et hommes, ils poursuivent un raisonnement qui, en fin de compte, va à l'encontre des idéaux féministes au lieu de les soutenir.

D'après ma propre expérience de transition d'un sexe à un autre, j'ai constaté que les femmes et les hommes ne sont pas séparés par un gouffre insurmontable, comme beaucoup de gens semblent le croire. D'ailleurs, la plupart d'entre nous ne sont qu'à une prescription hormonale près d'être perçu·es dans le sexe “opposé”. Personnellement, j'accueille cette idée comme un témoignage du peu de différences qui existent réellement entre les femmes et les hommes. Croire qu'une femme est une femme en raison de ses chromosomes sexuels, de son système reproductif ou de sa socialisation revient à nier la réalité : chaque jour, nous classons chaque personne que nous voyons en tant que femme ou homme sur la base d'un petit nombre d'indices visuels et une tonne de suppositions. La seule chose que les femmes partagent, c'est que nous sommes perçues en tant que femmes et traitées en conséquence. En tant que féministe, j'attends avec impatience le jour où nous dépasserons enfin l'idée que la biologie est un destin, pour reconnaitre que les différences les plus importantes qui existent entre femmes et hommes dans notre société sont les différentes significations que nous donnons à nos corps respectifs.


  1. Steve Rogers, “Lawsuit Settled, ‘Crying Game’-Like ‘There’s Something About Miriam’ Premieres in UK”, RealityTVWorld.com, 23 février 2004 ; Debi Enker, “Reality Reaches New Low”, The Age, 20 mai 2004 ; Emily Smith, “Miriam’s Secret”, The Sun Online (www.thesun.co.uk). ↩︎

  2. Nazila Fathi, “As Repression Eases, More Iranians Change Their Sex”, New York Times, 2 août 2004. ↩︎

  3. Correspondance de Shawna Virago, 12 avril 2004. ↩︎

  4. Nancy Nangeroni et Gordene O. MacKenzie, entretien sur GenderTalk, émission 538, 26 novembre 2005 (GenderTalk, émission 538). ↩︎

  5. Meyerowitz, How Sex Changed, 9, 148, 276-277 ; Califia, Sex Changes, p. 61. ↩︎

  6. Cité dans Califia, Sex Changes, p. 239. ↩︎

  7. Ibid., 178. Il convient de noter que Pat Califia et Patrick Califia sont la même personne ; il s'agit d'un homme trans, et je me réfère à lui en tant que Patrick Califia, le nom qu'il utilise actuellement, tout au long du texte. Dans la section des notes, j'utilise le nom qui figure sur le livre que je cite. ↩︎

  8. Raymond, The Transsexual Empire, p. 79. ↩︎

  9. Ibid., p. 99. ↩︎

  10. Ibid., p. 100. ↩︎

  11. Ibid., p. 99. ↩︎

  12. Ibid., xix. ↩︎

  13. Lisa Vogel, “Michigan Womyn’s Music Festival Sets the Record ‘Straight’”, communiqué de presse publié par Lisa Vogel, 22 août 2006. ↩︎

  14. Anderson-Minshall, “Michigan Or Bust” ; Sarah Liss, “Politics of Pussy: Bitch and Animal on a Revolutionary Gender-Bender”, Now (Toronto), 25 juillet 2002. ↩︎

Mots clés

MaddyKitty

Anarchiste et femqueer