Le Michigan Womyn’s Music Festival : Le précédent historique RadFem / TERF / Trans
Traducteurice : MaddyKitty
Publié initialement : 9 septembre 2014
Extrait de l'archive sur le sondage qui a eu lieu au Michigan Fest (https://groups.google.com/g/soc.motss/c/lfAgstey_SY/m/7rlqMQ-8FAEJ) :
Un total de 633 réponses a été collecté. Il y avait 7500 femmes au MWMF, cela représente donc 8,4% des festivalières. Le sondage demandait "Pensez-vous que les transsexuelles MtF devraient être les bienvenues à Michigan ? 463 ont répondu Oui (73,1%) et 143 Non (22,6%). 27 votes exprimaient leur incertitude (4,3%) avec des réponses comme "Je ne suis pas sûre" ou n'ont tout simplement pas répondu à la question. La marge d'erreur est de 3,8%. A la suite de ces résultats, la probabilité que la majorité des 7500 participantes du MWMF estiment que les personnes transsexuelles ne devraient pas être admises est de moins d'1 sur 100 000. Ce calcul suppose que notre échantillon a été choisi au hasard, ce qui n'est certainement pas le cas. Cependant, même si la moitié des réponses oui sont attribuées au biais de l'échantillon et éliminées du calcul, il y a toujours plus de 999 chances sur 1000 que la plupart des Festigoers accueillent les transsexuels.
Note : En 2008, les communautés cisgenres féministes et féministes radicales ont rendu populaire le terme Trans Exclusionary Radical Feminist (TERF) comme moyen d'identifier un groupe qui se consacre principalement à cibler les personnes transgenres au nom du féminisme radical, tout en n'étant pas représentatif du féminisme radical. C'est par respect pour des figures emblématiques du féminisme radical comme Monique Wittig et Andrea Dworkin que je les différencie de TERFs comme Sheila Jeffreys et Janice Raymond.
De nombreuses personnes issues des communautés féministes et trans en sont venues à considérer le Michigan Womyn's Music Festival (MWMF) comme le microcosme de la grande bataille entre la plupart des féministes radicales contre les TERFs contre les Trans, qui fait rage depuis les années 1970.
Les TERFs ont commencé à s'approprier l'identité RadFem à partir de 1973, lors du plus grand événement féministe radical : la West Coast Lesbian Conference. La conférence était destinée à être trans-inclusive, mais les TERFs sont venues perturber l'événement en demandant à ce que les participantes trans soient renvoyées. Robin Morgan, figure de proue TERF, a incité à la violence en appelant les TERFs à “s'occuper” d'une femme trans qui était attendue. Quand un groupe TERF a tenté de s'en prendre à elle, des féministes radicales se sont interposées pour la protéger. Au lieu de frapper la femme trans, les TERFs s'en sont donc prises à des féministes radicales. Après cette violence, la conférence a voté pour rester un espace trans inclusif, mais la femme trans a quitté celle-ci pour éviter que d'autres violences ne se produisent et que la conférence soit davantage perturbée.[1]
La même année, alors qu'il était prévu qu'elle prenne la parole, sur les instructions d'une leader TERF, Sylvia Rivera, femme trans et héroïne de Stonewall a été battue pour avoir tenté de prendre la parole lors de la Christopher Street March de 1973.[2][3] Cet événement a précipité sa tentative de suicide et son retrait du militantisme.[4]
L'institution féministe radicale la plus emblématique est sans doute le collectif musical lesbien séparatiste Olivia Records. Ce collectif est largement responsable de l'essor du mouvement musical féminin des années 1970. Le collectif était trans-inclusif et a même aidé des femmes trans à accéder à des soins médicaux. A la découverte de ce collectif, Janice Raymond, autre icone TERF, a lancé une campagne contre Olivia et la personne trans (NdT : Sandy Stone) membre du collectif. Les membres du collectif ont reçu de nombreuses menaces de mort et des menaces de mort ciblées à l'encontre de la femme trans. De plus, les TERFs ont menacé de détruire financièrement Olivia Records pour leur inclusion des personnes trans, par une action de boycott. Si bien que, malgré la volonté du collectif de perdurer comme espace trans-inclusif, celle-ci a quitté le collectif pour éviter toute nouvelle violence TERF contre celui-ci. La fondatrice du MWMF, Lisa Vogel, a participé à cibler le collectif Olivia et Sandy Stone.[5]
Janice Raymond a menti à propos de ces deux événements dans son livre TERF, The Transsexual Empire, the Making of the She-Male.[6][7] À l'époque, le livre de Raymond, considéré comme une critique féministe radicale des personnes trans, est devenu célèbre pour sa charge contre les personnes trans ; comme le dit l'historienne trans Susan Stryker, “The Transsexual Empire n'a pas inventé les préjugés anti-transsexuels, mais il a fait plus pour les justifier et les perpétuer que n'importe quel autre livre jamais écrit.”[8]
Raymond a par la suite contribué à la non-prise en compte des soins médicaux de générations de personnes trans. Ce refus de soins a entraîné un nombre de morts significatif à l'intérieur de la population trans.[9]
La tentative d'agression d'une féministe radicale par Lisa Vogel au MWMF a entrainé l'émergence de festivals de musique trans-inclusifs gérés par des féministes radicales.[10]
En 1991, après avoir appris que son amie (une femme trans) avait été expulsée du MWMF sur motif qu'elle était trans, une féministe radicale lesbienne a commencé à éduquer les participantes du MWMF sur cette question. En 1992 et en 1993, celle-ci a encore organisé l'effort d'éducation des participantes de la MWMF. En 1993, deux événements importants se sont produits :
- un sondage a montré que la plupart des participantes du MWMF souhaitaient la présence des femmes trans à l'événement et
- les TERF ont menacé de recourir à la violence si les femmes trans qui faisaient partie de l'effort d'éducation de 1993 n'étaient pas expulsées du festivall.
Le MWMF a répondu en éjectant les femmes trans du festival, ce qui a donné lieu au premier événement Camp Trans. Les Leather Dykes et les Lesbian Avengers ont offert leur protection en tant que gardes du corps aux femmes trans. Le site d'éducation et de sensibilisation de 1993 a été vandalisé par les TERFs.[11]
En 1999, le Camp Trans était en grande partie organisé par les Lesbian Avengers. Le groupe a emmené une fille trans de 16 ans au guichet du MWMF et les a informé qu'elles venaient de Camp Trans et qu'elles avaient une jeune trans avec elles. Alors que le MWMF a vendu des entrées à tout le groupe, au moment où le groupe d'Avengeers a passé les portes, des TERFs ont commencé à suivre l'adolescente en hurlant “Un homme sur nos terres !”. Cela a continué jusqu'à ce que le groupe se change en foule qui encerclait la jeune fille, lui hurlant dessus jusqu'à ce que la sécurité déplace tout le monde dans une tente où l'adolescente a dû affronter pendant 2 heures les réprimandes d'un énorme groupe de TERFs. Une adulte l'a même menacée de mort sans aucune conséquence. L'adolescente a ensuite été reconduite aux portes du festival et expulsée. J'ai interrogé les Lesbian Avengers sur leur expérience :[12]
S. [Lesbian Avenger] : Environ 10 TERFs nous attendaient lorsque nous sommes entrées. Le ‘Un homme sur nos terres!’ a retenti aussitôt. À l'époque, nous étions des enfants, des adolescentes et elles étaient toutes adultes. Quand j'y pense maintenant, c'était tellement n'importe quoi. Nous essayions de distribuer des t-shirts et des stickers sur l'inclusivité. Mais ça s'est mal passé.
K. [la fille trans du groupe] : Une large foule de gens hurlant s'est formée autour de nous et je me suis mise à pleurer. C'était tellement fort que Nomy Lamm, qui jouait à ce moment avec Sister Spit, est venue et a pris notre défense... La foule et moi avons été conduites vers une tante. Il y avait une file d'attente de personnes qui allaient pouvoir dire ce qu'elles voulaient. Je me souviens, en particulier, qu'une femme m'a regardé et m'a dit que je devais quitter le Land dès que possible parce qu'elle avait un couteau et qu'elle ne savait pas si elle serait capable de se contrôler si j'étais près d'elle.
Cristan Williams : PARDON ? De quelle façon les gens ont-ils réagi à cette menace de mort ?
K : À cause de la façon dont ils faisaient la queue, dès qu'une personne arrêtait de parler, une autre commençait, donc personne n'a rien dit ou fait à propos de la menace de mort. À ce moment-là, je suis partie. Au début, je sanglotais et [B] tenait mon visage contre le sien, en me disant que ce serait bientôt fini, mais ensuite j'ai tout simplement décroché.
S : La modératrice n'a rien fait. C'était juste un torrent de haine. C'était juste un flot interminable qui répétait “Tu es un violeur ! Tu violes nos Terres ! Tu détruis la sororité ! Je ne sais pas ce que je vais te faire !”. C'était violent, haineux, et la plupart des propos s'adressaient à [K.] J'étais là en train de me faire attaquer, mais je n'en subissais pas le poids. Ca a duré au moins deux heurs. Au moins trente personnes ont été autorisées à nous parler, mais il y en avait 75 sous la tentes, et si on inclut les personnes autour de la tente qui regardaient et écoutaient, bien plus de 100.
La couverture médiatique autour du MWMF présente ceci comme un problème entre RadFem/Lesbienne/Femme et Trans. Ca ne l'est pas. Le MWMF en est venu à représenter une lutte plus nuancée entre les TERFs qui ciblent à la fois les féministes radicales et les personnes trans au nom du féminisme radical. Les preuves révèlent que, presque dès le début, il y avait “plus de 999 chances sur 1000 que la plupart des Festigoers accueillent” des femmes trans.[13] De plus, les preuves révèlent que les institutions féministes radicales les plus emblématiques ont été conçues pour être trans-inclusivse, jusqu'à ce que la violence TERF force les personnes trans à choisir entre leur propre sécurité, la sécurité des féministes radicales, l'institution elle-même et partir. Comme cela a toujours été le cas, l'agression TERF se présente sous la forme du féminisme radical, dans le but de le saturer de sa présence.
Par exemple, en l'honneur de la féministe radicale Andrea Dworkin, qui supportait de manière explicite les traitements médicaux trans[14], Sheila Jeffreys a été invitée à s'exprimer en 2006 à la conférence commémorative en son honneur. Là-bas, Jeffreys a affirmé :
L'une des choses qui me rendent perplexe, c'est que, lorsque je regarde les débats de la Chambre des Lords sur cette législation, ceux avec qui je suis le plus d'accord sont les radicaux de droite. En particulier, la personne avec laquelle je suis le plus d'accord, ici, et je ne suis pas sûre qu'il sera heureux de le découvrir, est Norman Tebbitt [...] Tebbitt dit également que la mutilation sauvage du transgenrisme, que nous appellerions ainsi si elle avait lieu dans d'autres cultures que la culture britannique, est une pratique culturelle néfaste. Comment se fait-il que nous ne reconnaissions pas cela dans les îles britanniques ? Il avance donc tous ces arguments de la droite radicale, ce qui est assez embarrassant pour moi, mais je dois dire que les personnes dites progressistes et de gauche ne reconnaissent pas les violations des droits de l'homme du transgenrisme ou à quel point cette législation est insensée.
Bien sûr, Janice Raymond adore Jeffreys. Elle dit : “Sheila Jeffreys, qui avec un courage exceptionnel, clarté et érudition, interroge le dogme du transgenrisme”. Et bien sûr, Jeffreys a quelque chose à dire à propos de Camp Trans. Dans son dernier livre, Gender Hurts, Jeffreys caractèrise cet événement comme un “siège”. Elle prétend que la raison même de l'existence de Camp Trans permet à des femmes trans d'accéder à des lesbiennes vulnérables. Elle cite un troll numérique pour affirmer que Camp Trans est un groupe armé et violent de femmes trans qui se sont livrées à une guerre chimique et ont provoqué des syndromes de stress post-traumatiques aux femmes cis. Les tergiversations anti-trans dans les écrits universitaires de Jeffrey font partie des éléments de langage du MWMF.[15]
Plus récemment, la National Black Justice Coalition, Gay & Lesbian Task Force, Human Rights Campaign, le Nation Center for Lesbian Rights, la National Coalition of Anti-Violence Programs, Marriage Equality USA et plusieurs autres organisations de justice sociale ont signé une pétition demandant que la politique d'exclusion des personnes transgenres du MWMF prenne fin. Les TERFs ont répondu par le doxxing systématique et d'autres formes de harcèlement à l'encontre des personnes qui s'étaient jointes à ces organisations pour signer la même pétition et sont passées au harcèlement juridique.
Le comportement des TERFs autour du MWMF exemplifie la violence historique et l'intimidation auxquelles ont fait face les féministes radicales et les personnes trans. C'est pour cette raison que le MWMF continue d'être un point de mire au sein de ces communautés.
“La fois où les TERFs ont tabassé des RadFems pour avoir protégé une femme trans de leur agression.” ↩︎
Des femmes du GLF étaient mal à l'aise à l'idée de désigner Rivera, qui insistait pour utiliser les toilettes des femmes, même à l'hôtel de ville, par le pronom “elle”. La pression monte. L'année 1973 est le théâtre d'un affrontement qui va écarter Rivera du mouvement pour les deux décennies à venir [...] Alors qu'elles distribuaient des tracts décrivant leur opposition aux “imitateurs féminins”, Rivera s'est battue pour prendre le microphone des mains de l'animateur Vitto Russo, avant d'être frappée elle-même. Rivera a expliqué : “J'ai dû me battre pour monter sur scène, et littéralement me faire battre et frapper par des gens que je pensais être mes camarades, pour atteindre ce microphone”. – Benjamin Shepard, That’s Revolting!, p. 126-127. ↩︎
Sylvia Riviara relatait l'événement: “Jean O’Leary, une fondatrice du groupe Radicalesbians, a décidé que les drag queens représentaient une insulte pour les femmes […] On m'avait dit que j'allais prendre la parole au rassemblement. Et c'est là que les choses sont devenues incontrôlables. Je suis très militante quand il s'agit de certaines choses, et je n'ai pas apprécié ce qui s'est passé avec Jean O'Leary qui a déclaré que nous insultions les femmes […] Elle a demandé à Vito Russo de me virer de la scène […] mais je suis tout de même montée et j'ai dit ce que j'avais à dire.” – Susan Glisson (Ed), The Human Tradition in the Civil Rights Movement, p. 325 ↩︎
“Cet incident a précipité une nouvelle tentative de suicide de sa part [...] les événements de ce jour de 1973 ont finalement eu raison de Sylvia Rivera. Au cours des années suivantes, la participation de Sylvia Rivera au ‘mouvement’ a diminué. Bien qu'elle ait assisté à chaque parade du Christopher Street Liberation Day (à l'exception de deux) jusqu'à sa mort, la participation formelle de Sylvia dans des organisations telles que le GLF et le GAA s'est arrêtée.” – ibid. ↩︎
« Ayant fait l'expérience quotidienne des éléments destructeurs des stéréotypes sexuels dans une société patriarcale, de nombreuses femmes considèrent que les transsexuels ne font rien pour modifier cette société, mais au contraire la renforcent. Robin Morgan, dans son discours à la Conférence Lesbienne de Los Angeles en 1973, s'attaque à cette question en répondant à l'intrusion transsexuelle dans la conférence. “Si les hommes transvestis ou transsexuels sont opprimés, alors laissons-les se réunir et s'organiser contre cette oppression, au lieu de venir se nourrir des femmes qui ont vécu leur vie entière en tant que femmes dans des corps de femmes.” Une telle critique, bien entendu, procède d'une perspective féministe. Cependant, il est important de noter ici que ce que de nombreux transsexuels disent, quand ils déclarent que les femmes sont moins tolérantes envers eux que les hommes, c'est que de nombreuses femmes qui ne se disent pas féministes ont une compréhension instinctive de l'aspect destructeur du transsexualisme. » – Janice Raymond, The Transsexual Empire: The Making of the She-Male, p. 85 ↩︎
« Cela a seulement servi à encourager son ancien rôle dominant et à diviser les femmes, comme les hommes le font souvent, quand ils rendent leur présence nécessaire et vitale pour les femmes. Après avoir produit une telle division, on pourrait penser que si l'engagement de Stone à s'identifier comme femme et avec les femmes était honnêtement centré sur les femmes, il se serait retiré de lui-même d'Olivia et assumé sa responsabilité dans la division. » – Janice Raymond, The Transsexual Empire, The Making of the She-Male, p. 102 ↩︎
Susan Stryker et Stephen Whittle, The Transgender Studies Reader, p. 131 ↩︎
« Dans une étude transversale portant sur 141 patients transgenres, Kuiper et Cohen-Kittenis ont trouvé qu'après des traitements et des interventions médicales, le suicide chutait de 19 à 9% chez les hommes transgenres et de 24 à 6% chez les femmes transgenres [...] Clements-Nolle et al. ont étudié les indicateurs de suicide parmi plus de 5000 hommes et femmes transgenres sur un échantillon prélevé à San Francisco, et ont trouvé une prévalence des tentatives de suicide de 32%. Dans cette étude, l'indicateur le plus fort associé au risque de suicide portait sur la discrimination basée sur le genre qui incluait “les problèmes d'accès à la santé ou à des services médicaux liés à leur identité ou présentation de genre” [...] Cette discrimination basée sur le genre était un indicateur de suicide plus pertinent que la dépression, l'abus de drogues ou d'alcool, la victimisation physique ou les violences sexuelles. Ces étudent montrent de toute évidence que supprimer les barrières d'accès à des traitements résulte en une réduction significative du nombre de suicides. » – State of California Department of Insurance, 2012 ↩︎
“A TERF’s fist gave rise to trans-inclusive women’s music festivals” ↩︎
“Lesbian Avenger Oral History”, Transgender Archive, Houston, Texas. Une partie de cet entretien sera présentée dans une prochaine interview pour TransAdvocate. ↩︎
“MWMF Anti-TS Awareness,” Janis Walworth, LMSW, 1992 (n=633) ↩︎
« C'est une "maladie" qui a un remède : un traitement de changement de sexe va changer le sexe visible de la personne et le rendra conforme à son identité ressentie [...] Cela signifie que toute personne transsexuelle a le droit à un traitement de changement de sexe, et la communauté devrait le prendre en charge dans le cadre de ses fonctions. C'est une mesure d'urgence pour une condition d'urgence [...] En modifiant nos prémisses à propos des hommes et des femmes, le rôle de genre et sa polarisation, la situation sociale des personnes transsexuelles sera transformée et elles seront intégrées à la communauté, et ne seront plus persécutées et méprisées. » – Andrea Dworkin, Woman Hating, p. 186 ↩︎
“Mensonges et équivoques dans la déclaration du 18 août de Lisa Vogel” ↩︎