Source: Evangelical conference brings together ultraconservative and gender critical figures

Autrice: Sarah Clarke

Traducteurice: MaddyKitty

Publié initialement: 23 mai 2022

La FET (Family Education Trust), est une organisation britannique fondée en 1972. Son orientation est clairement réactionnaire, dès sa création (lutte contre "les effets du divorce").  

L'organisation chrétienne évangélique the Family Education Trust (FET) tenait sa conférence annuelle le 21 mai 2022 à Londres. Cette conférence regroupait tout à la fois des orateurs issus d'organisations évangéliques conservatrices et des figures du mouvement Gender Critical (GC), notamment les personnes qui prônent des thérapies GICE, Gender Identity Conversion Efforts.

La psychothérapeute irlandaise controversée Stella O’Malley, directrice de Genspect, un groupe de propagande anti-trans, était l'une de ces intervenant·es. Celle-ci a récemment déclaré que son but était de :

s'assurer que les enfants, si possible, ne soient pas soumis à une transition médicale.

On pouvait y trouver également James Esses, un des fondateurs de Thoughtful Therapists, un groupe de thérapeutes qui militent contre l'interdiction des thérapies de conversion, aux côtés d'O’Malley. Esses a déclaré avoir subi des discriminations en raison de ses opinions gender critical, à la suite de son éviction de la liste des conseillers bénévoles de Childline. Celui-ci déclarait pourtant tenter de persuader les enfants trans de changer d'identité de genre, une pratique qui rentre dans la définition de la thérapie de conversion donnée par la BACP (NdT : British Association for Counselling and Psychotherapy).

“Conversion therapy is the term for therapy that assumes certain sexual orientations or gender identities are inferior to others, and seeks to change or suppress them on that basis.”

– BACP, Memorandum of Understanding on Conversion Therapy in the UK

Présentation de la Family Education Trust

La FET compte parmi ses administrateurs Julie Maxwell, un médecin qui figure dans le DVD de l'organisation “Truth In Science”, une organisation anti-trans et créationniste.

La FET a une longue histoire de lutte contre les droits des femmes, des enfants et des personnes LGBTIA+, notamment :

• Une campagne pour le maintien de la protection juridique des parents qui frappent leurs enfants : La FET est intervenue médiatiquement sur le sujet à de nombreuses reprises. On peut en retrouver la trace dès l'année 2000.
• Une opposition à un meilleur accès à la pilule contraceptive pour les femmes, les filles et les personnes qui peuvent tomber enceintes.
• Une opposition à la fourniture du vaccin VPH (NdT : vaccination contre le papillomavirus) pour les jeunes filles : vaccin dont il a été démontré qu'il réduisait considérablement les taux de cancer du col de l'utérus. La FET s'est opposée au vaccin sur la base de la conviction fausse que le vaccin encouragerait la promiscuité.
• Une opposition aux programmes d'éducation inclusifs sur les sujets LGBTIA+ à l'école, ce qui inclut la critique du programme No Outsiders de l'école de Birmingham, programme qualifié d' “inquiétant” dans leur lettre d'information de mai 2019. A l'époque, la panique morale autour de ce programme, programme qui visait à lutter contre le harcèlement homophobe à l'école, était tellement forte qu'un enseignant avait reçu au moins une menace de mort.
• Une opposition aux droits LGB, et le soutien en faveur d'une discrimination contre les couples de même sexe à l'accès aux services publics, de l'adoption et même des foyers d'accueil, ainsi qu'une opposition à ce que les couples de même sexe avec enfants puissent être inscrits comme parents sur les documents administratifs de voyage.
• Une opposition aux droits des personnes trans, et le soutien à des propositions de lois obligeant les enseignants à signaler à leurs parents les enfants trans et en non-conformité de genre.

La FET est également liée aux mouvements mondiaux “anti-genre” et ultra-conservateurs. En 2017, la FET assistait au World Family Congress, une rencontre ultra-conservatrice organisée en Hongrie. La FET a alors fait l'éloge du discours tenu par le premier ministre hongrois Viktor Orbán, un discours homophobe, transphobe et raciste qui affirmait notamment que l'Europe était “assiégée” par les migrants et évoquait le spectre du remplacement démographique, une théorie du complot courante dans les milieux suprémacistes blancs.

Des rencontres gender critical

Le même jour que la conférence, O’Malley rencontrait un certain nombre de personnalités issues du mouvement GC, pour un repas au club Athenaeum, qui comprend un espace de restauration privé. Celui-ci était situé à quelques pas du lieu de la conférence FET dans le centre de Londres. Étaient également présent·es à ce repas :

• Le psychothérapeute GC Az Hakeem, une autre figure du mouvement Genspect, a tweeté à propos de cette rencontre. Hakeem fait actuellement l'objet d'une plainte auprès du GMC (Ndt : General Medical Council) de la part d'un homme trans de 18 ans (NdT : incohérence entre l'article traduit et l'article cité, correction faite) pour une thérapie de conversion, qui a déclaré que les pratiques d'Hakeem l'ont laissé “très, très désemparé et très, très vulnérable” et souffrir régulièrement de crises de panique. TSN a déjà signalé son soutien à un autre thérapeute adepte des thérapies de conversion, Kenneth Zucker, dans un autre reportage.
• Heather Brunskell-Evans, de l'organisation gender critical Transgender Trend, une organisation déjà critiquée pour avoir produit des ressources “profondément transphobes” à destination des écoles. Selon i newsletter, c'est elle qui aurait mis en contact le parent de l'homme trans de 18 ans avec Hakeem.
• Graham Linehan (connu également sous le pseudonyme de Glinner), une célébrité devenue figure majeure du mouvement GC, banni de twitter pour conduite haineuse, après qu'il ait faussement accusé une universitaire trans de “grooming” et qu'il ait tenu de façon répétée des propos injurieux à l'égard de femmes qui ne partagaient pas son point de vue.

• Helen Joyce, une économiste qui a commis un livre reproduisant la théorie du complot suivante : le mouvement pour les droits des personnes trans est contrôlé par les milliardaires George Soros et Martine Rothblatt.

L'organisation Genspect

L'organisation Genspect semble avoir des liens profonds avec les thérapies GICE. Outre les plaintes existantes, Genspect soutient le groupe extrêmiste Our Duty, qui appelle à “100% de désistance” pour les enfants trans, et le Bayswater Support Group, un groupe de parents qui promeut le tristement célèbre manuel de thérapie de conversion Desist, Detrans & Detox sur leur site internet.

La FET s'oppose à l'interdiction de toute forme de thérapie SOGICE (Sexual Orientation and Gender Identity Conversion Efforts), c'est-à-dire des thérapies de conversion, au motif que :

Une interdiction des thérapies de conversion criminaliserait toute suggestion à une personne qui suit une voie homosexuelle, bisexuelle ou transgenre qu'elle est sur la mauvaise voie et qu'un tel style de vie peut être nuisible.

Il est clair que la conférence FET est un événement de plus qui a permis au mouvement GC, ostensiblement laïque, de cotoyer des groupes religieux ultra-conservateurs et conclure des alliances. Le GICE semble être une autre enjeu qui permet à ce type de groupes d'agir de concert. Les ultraconservateurs, pour leur part, voient clairement l'identité de genre comme un enjeu qui leur permet de poursuivre un programme réactionnaire plus large.